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Les enjeux d’un « bon travail »
Le Conseil scientifique néerlandais pour la politique gouvernementale (WRR) a publié un ouvrage intitulé dans sa version anglo-saxonne « Better Work. The automation, flexibilization and intensification of work » qui analyse les effets de l’automatisation, de la flexibilisation et de l’intensification du travail sur la qualité de nos vies professionnelles.
Si les conclusions et propositions s’adressent initialement au gouvernement des Pays-Bas, les termes peuvent être utiles à tous les pays Européens. Selon les auteurs, un bon travail pour tous ceux qui peuvent et veulent travailler est une préoccupation urgente pour les gouvernements, les institutions publiques, les entreprises et les organisations représentant les travailleurs et les employeurs.
Il propose une définition claire du « bon travail » basée sur des travaux universitaires de diverses disciplines. Le WRR fait neuf recommandations pour augmenter l’emprise sur les revenus, le contenu du travail et l’équilibre travail-vie privée pour tous ceux qui travaillent ou veulent travailler.
Les auteurs mettent en évidence trois développements majeurs dans le monde du travail qui ont des répercussions sur les travailleurs, les entreprises et les institutions :
- Automatisation : les nouvelles possibilités créées par les robots et l’intelligence artificielle ont des conséquences considérables sur la nature et la quantité de travail effectué.
- Flexibilisation : bien que l’essor des contrats flexibles sur le marché du travail ait créé des emplois, cela signifie également une insécurité de l’emploi et des revenus pour les travailleurs et leurs familles.
- Intensification : le fait de devoir travailler plus intensément, plus vite ou avec un stress émotionnel plus important impose des exigences plus lourdes aux travailleurs, sur le lieu de travail comme à la maison.
C’est quoi un bon travail ?
Les auteurs définissent les trois conditions pour un bon travail
Conditions pour un bon travail | Indicateurs |
1. Contrôle des revenus > Dimension matérielle du travail | Rémunération raisonnable La sécurité d’emploi Sécurité du travail Sécurité sociale |
2. Contrôle du travail > Dimension immatérielle du travail | Autonomie Utiliser et développer des compétences Support social (du collectif de travail) Absence d’agressivité et de discrimination |
3. Contrôle dans la vie > L’équilibre travail-vie privée | Travail à temps partiel Congés payés Maîtrise des heures de travail Bonne garde d’enfants et soins aux personnes âgées |
Les conséquences d’un bon travail sur les employés, l’économie et la société
Un bon travail est important à la fois pour les individus et pour la prospérité globale, pour que l’économie profite pleinement des possibilités offertes par les nouvelles technologies et pour la société afin que chacun puisse participer.

Conséquences d’un meilleur travail pour l’individu, l’économie et la société (kremer & al., 2021)
Propositions pour préserver et encourager le bon travail
Plus de contrôle sur les revenus
- Empêcher la concurrence déloyale entre les travailleurs
- Développer un système d’assurance et de prestations de base neutre par rapport au contrat de travail
- Actualiser la politique active du marché du travail
- De bons emplois de base pour les personnes bénéficiant de prestations et ayant peu d’opportunités
Plus de contrôle sur le travail
- Développer une approche programmatique du bon travail : meilleure collaboration entre les travailleurs – et entre les humains et les machines – pour améliorer le travail et la productivité
- Renforcer la position des travailleurs pour avoir un contrôle significatif sur leur travail
Plus de contrôle dans la vie
- Investir dans de bonnes structures d’accueil pour les enfants et les personnes âgées.
- Faciliter l’obtention d’un plus grand nombre d’heures de travail.
- Offrir des congés payés de longue durée pour les soins.
- Permettre un meilleur contrôle des heures de travail.
Le bon travail est l’affaire de tous
Les auteurs nous alertent sur le fait que le bon travail est sous pression et en danger. C’est pourquoi ils plaident pour que le bon travail soit l’affaire de tous.
Les trois tendances macroéconomiques abordées dans l’ouvrage – l’automatisation, la flexibilisation et l’intensification du travail – ont clairement le potentiel d’affecter la qualité du travail et de le rendre bon ou meilleur pour certaines personnes, mauvais ou pire pour d’autres, ou n’avoir aucun impact. Dans certains cas, elles la capacité d’exacerber les divisions existantes – entre personnes en situation de handicap et celles qui ne le sont pas, par exemple – et de faire naître de nouvelles de nouvelles divisions, par exemple entre les professions.
Source
- Kremer, M., Went, R., Engbersen, G., & WWR. (2021). Better Work. The automation, flexibilization and intensification of work. Springer International Publishing. https://bit.ly/34xeKSr