Repères | Qu’est-ce que l’ergonomie ?

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DEFINITION DE L’ERGONOMIE

L’ergonomie peut-être définie comme la mise en œuvre des connaissances scientifiques relatives à l’homme et nécessaires pour concevoir des outils, des machines et des dispositifs qui puissent être utilisés par le plus grand nombre avec le maximum de confort, de sécurité et d’efficacité.
Société d’Ergonomie de Langue Française (SELF) – 1988

L’ergonomie (ou Human Factors) est la discipline scientifique qui vise la compréhension fondamentale des interactions entre les humains et les autres composantes d’un système, et la profession qui applique principes théoriques, données et méthodes en vue d’optimiser le bien-être des personnes et la performance globale des systèmes – Les praticiens de l’ergonomie, les ergonomes contribuent à la planification, la conception et l’évaluation des tâches, des emplois, des produits, des organisations, des environnements de travail et des systèmes en vue de les rendre compatibles avec les besoins, les capacités et les limites des personnes.
International Ergonomics Association (IEA) – 2000

OBJECTIFS DE L’ERGONOMIE

Dérivée du grec ergon (travail) et nomos (lois) pour désigner « la science du travail », l’ergonomie a pour projet la transformation du travail pour en améliorer les conditions de réalisation et permettre aux travailleurs d’exercer pleinement leurs compétences, en combinant les critères de santé et de sécurité des travailleurs et de performance des organisations.

A l’image d’un homme qui marche sur deux jambes, « la spécificité de l’ergonomie réside dans la tension entre deux objectifs.

  • D’une part, un objectif centré sur les organisations et leur performance […] appréhendée sous différents aspects : efficacité, productivité, fiabilité, qualité, durabilité, etc.
  • D’autre part, un objectif centré sur les personnes […] décliné sous différentes dimensions : sécurité, santé, confort, facilité d’usage, satisfaction, intérêt du travail, plaisir, etc. ».

(Falzon, 2004, p. 23).

L’ergonomie est une science d’intégration multidisciplinaire centrée sur l’utilisateur (opérateur / travailleur) qui utilise une approche systémique holistique plutôt que de se concentrer seulement sur l’individu, afin de tenir compte de l’interdépendance des composants humains, techniques et environnementaux et des effets potentiels des changements sur toutes les parties du système.

(IEA, 2020)

Elle étudie de façon systématique et analytique les interactions complexes entre un travailleur (le composant humain) et les autres composantes du système (les autres travailleurs, les tâches, les outils, les produits, l’équipement et la technologie) et les facteurs (physiques, psychologiques, cognitifs, sociotechniques, organisationnels, environnementaux) qui affectent ses interactions et se traduisent par des impacts positifs et/ou négatifs sur la personne (opérateur) et l’organisation (entreprise).

(Bridger, 2018 ; Scott et al., 2010)

INTERVENTION ERGONOMIQUE

L’intervention ergonomique a pour objectif de répondre à la demande formulée par une organisation (entreprise, instance représentative du personnel …) relative à la performance (productivité, fiabilité, qualité), à la prévention des risques pour la santé et la sécurité des opérateurs (troubles musculosquelettiques TMS, risques psycho-sociaux RPS, chimiques, mécaniques …), à l’acquisition d’un nouvel équipement (matériel ou logiciel) ou à la (re)conception d’un produit (ou service), d’un poste de travail, d’une machine, d’un local professionnel, d’un système informatique ou d’une organisation ; mais aussi à l’acquisition de nouvelles compétences (opérateurs, encadrement, CHSCT / CSE, …) au travers de formations, formations-actions, participation à des groupes de travail, démarches de coconception participatives …

L’approche ergonomique révèle les particularités d’une situation de travail donnée et en détaille les spécificités : l’entreprise où elle se déroule et son secteur d’activité, les prescriptions organisationnelles qui la régissent, les procédures à suivre, les normes à respecter, les dispositifs techniques mis en œuvre et leurs domaines d’application, le nombre et les caractéristiques des opérateurs, leurs interactions …

Elle met en exergue les liens entre la performance (attendue et effective) et les mobilisations (physiques, psychiques, cognitives) induites, le coût pour la santé et la sécurité des opérateurs.

Elle révèle les écarts entre le travail prescrit et le travail réel Elle met, notamment, en évidence les régulations des opérateurs pour s’adapter aux variabilités qu’ils rencontrent ; c’est-à-dire les éléments imprévisibles dans leur environnement de travail, les matières premières, les moyens humains, techniques ou organisationnels, les conditions d’exécution telles que l’ambiance physique de travail, l’état et les pannes des équipements … D’où l’importance de ménager des marges de manœuvres pour permettre aux opérateurs de s’adapter sans que cela soit à l’origine d’effets délétères sur leur santé ou leur sécurité.

Cf. ci-contre le « Modèle d’analyse d’une situation de travail dit « Schéma des cinq carrés » (Christol & De Terssac, 2007) d’après (Leplat & Cuny, 1977).

Elle montre comment les consignes de l’encadrement, incomplètes et inadaptées à une situation donnée sont intelligemment transformées et ajustées par les opérateurs pour que le travail puisse continuer à s’effectuer et à répondre aux exigences de productivité, de qualité, de satisfaction client.

Elle décrit le fonctionnement d’un collectif de travail, comment celui-ci régule et distribue les charges de travail en fonction des exigences des tâches, des compétences des opérateurs présents et des moyens techniques ou organisationnels disponibles et de leur état ; les mécanismes d’organisation, d’entraide et de soutien qui permettent collectivement d’atteindre les objectifs de performance.

Elle décrit comment les opérateurs interagissent avec un système particulier, leurs compétences actuelles et comment elles devraient évoluer dans le temps grâce à l’apprentissage (notamment par l’observation des opérateurs experts et novices), mais aussi celles qu’ils devraient acquérir pour tenir compte des évolutions techniques ou technologiques projetées par l’entreprise.

Elle intervient en sûreté des processus pour montrer comment les accidents risquent de se produire en raison des facteurs techniques, organisationnels ou humains ; comment les comportements à risques peuvent résulter des pressions pour atteindre les objectifs …

(Darses & de Montmollin, 2012)

L’approche constructive de l’ergonomie dans laquelle l’activité de travail est appréhendée peut être décrite comme un processus de développement et d’apprentissage tant des travailleurs (individuellement ou au travers du collectif de travail ) que des organisations (entreprises). Elle vise à créer un cadre de travail dans lequel les conditions de réalisation s’inscrivent dans une triangulation entre le « pouvoir agir », « pouvoir penser » et « pouvoir débattre » du « réel de l’activité » et permettent aux travailleurs d’exercer pleinement leurs compétences, de réaliser un « travail bien fait » et de préserver leur santé. (Daniellou, 1998 ; Clot, 2010, 2015)

(Daniellou, 1998)

VALEURS

Les principes de l’« Ergonomie et des Facteurs Humains » sont ancrés dans des valeurs fondamentales essentielles :

  • Les humains comme atouts,
  • La technologie comme un outil pour aider les humains,
  • La promotion de la qualité de vie,
  • Le respect des différences individuelles,
  • La responsabilité envers toutes les parties prenantes.

(IEA, 2020)

L’action ergonomique a pour objectif le développement conjoint des Hommes et des Organisations par la mise en œuvre de conditions permettant aux travailleurs d’exercer pleinement leurs compétences.

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En savoir plus

Ergonomie

Prévention

Ressources

  • Bridger, R. S. (2018). Introduction to human factors and ergonomics (Fourth edition). CRC Press, Taylor & Francis Group.
  • Christol, J., & De Terssac, G. (2007). Modèle d’analyse d’une situation de travail dit « Schéma des cinq carrés ». In F. Guérin, A. Laville, F. Daniellou, J. Duraffourg, & A. Kerguelen (Éds.), Comprendre le travail pour le transformer : La pratique de l’ergonomie. ANACT.
  • Clot, Y. (2010). Le travail à cœur : Pour en finir avec les risques psychosociaux. La Découverte
  • Clot, Y. (2015). Le travail à cœur : Pour en finir avec les risques psychosociaux. La Découverte. https://bit.ly/32p6Ado
  • Daniellou, F. (1998). Participation, représentation, décisions dans l’intervention ergonomique. In V. Pilnière & O. Lhospital (Éds.), Actes des Journées de Bordeaux sur la Pratique de l’Ergonomie : Participation, représentation, décisions dans l’intervention ergonomique (p. 3‑16). Éditions du LESC.
  • Darses, F., & de Montmollin, M. (2012). L’ergonomie (5e éd.). La Découverte.
  • IEA. (2020). What Is Ergonomics? The International Ergonomics Association (IEA). https://iea.cc/what-is-ergonomics/
  • Falzon, P. (Éd.). (2004). Ergonomie. Presses Universitaires de France (PUF). https://doi.org/10.3917/puf.falzo.2004.01
  • Leplat, J., & Cuny, X. (1977). Introduction à la psychologie du travail. Presses Universitaires de France (PUF).
  • Scott, P., Kogi, K., & McPhee, B. (2010). Ergonomics guidelines for occupational health practice in industrially developing countries. IEA, ICOH. https://bit.ly/3F0D0ZN

Crédit photo : Jean-Pierre Dalbéra sur Flickr – Schéma EFH adapté de : IEA

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