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Répondre aux besoins des industriels et prévenir les risques liés à la coactivité homme-robot
Dans son n°250 de mars 2018, le magazine « Hygiène et Sécurité au Travail » de l’INRS publie une étude intitulées « Robotique collaborative perception et attentes des industriels » qui prend acte des évolutions techniques en matière de robotique industrielle « collaborative ».
Jusqu’ici limitées dans des îlots robotisés protégés et à l’écart des opérateurs, les fabricants et intégrateurs proposent désormais aux entreprises des solutions robotiques ne comportant plus de barrières physiques entre l’homme et le robot pour réaliser des tâches en collaboration direct ou indirecte voire en partage d’espace de travail.
(Tihay & Perrin, 2018) montrent, en décrivant différents scenarii, que les situations de coactivité homme-robot inhérente à la robotique collaborative industrielle ne vont pas sans poser de questions de santé et de sécurité au travail. C’est pourquoi, les auteurs mettent en exergue l’importance de s’assurer que ces évolutions techniques répondent bien aux besoins des industriels tout en garantissant un niveau de sécurité suffisant pour les opérateurs/utilisateurs.
Des attentes contraintes par les enjeux de sécurité
Les auteurs présentent les résultats d’une enquête exploratoire auprès d’entreprises industrielles équipées de robots industriels qui ont été interrogées sur leurs besoins et leur perception des apports potentiels de la robotique collaborative. Leurs retours ont permis de constater leur intérêt pour la coactivité homme-robot et mais aussi de mettre en évidence que le sujet soulève beaucoup d’interrogations.
Les principales attentes exprimées par les industriels portent sur :
- Un gain de productivité : optimisation du process, palliatif à des problèmes techniques… ;
- Un gain de flexibilité : facilité d’intégration du robot, mobilité et réutilisation du robot, réactivité accrue au changement, adaptation de la ligne plus aisée… ;
- Une amélioration des conditions de travail.
Néanmoins, malgré leur intérêt pour la robotique collaborative, tous n’envisagent pas d’y recourir, en raison :
- des risques inhérents à la coactivité, qui sont parfois jugés difficiles à réduire voire non acceptables ;
- des contraintes associées aux éléments de sécurité, qui peuvent s’avérer incompatibles avec le process (cadence, charge utile…) et parfois même contre-productives : risques d’arrêts intempestifs du robot dus à la présence régulière d’opérateurs dans son environnement proche.
Une démarche projet alliant analyse des fonctionnalités et prévention des risques
Les auteurs notent que les industriels apparaissent globalement conscients que le recours à la robotique collaborative ne peut pas être envisagé sans une double analyse :
- « fonctionnelle » pour s’assurer de la pertinence de la solution, au regard des contraintes de mise en œuvre et de production
- et des risques spécifiques à la cellule concernée.
Dépasser les limites actuelles de la robotique collaborative
Les auteurs pointent certaines limites : si les besoins exprimés peuvent être globalement couverts par les modes de collaboration proposés par la normalisation européenne, l’offre technologique pour leur mise en œuvre reste encore limitée.
Ils concluent que de nombreux développements et travaux de recherche sont à réaliser pour développer des dispositifs de protection permettant une mise en œuvre plus aisée de ce type d’installation et garantissant la santé et la sécurité des opérateurs amenés à travailler à proximité des robots.
Ressources
- Ministère du Travail. (2017). Guide de prévention à destination des fabricants et des utilisateurs—Pour la mise en œuvre des applications collaboratives robotisées. Ministère du Travail. https://bit.ly/3qBhQN5
- Tihay, D., & Perrin, N. (2018). Robotique collaborative : Perception et attentes des industriels. Hygiène et Sécurité au Travail, 250, 50‑57. https://bit.ly/3tLsHFV
- Vasic, M., & Billard, A. (2013). Safety issues in human-robot interactions. 2013 IEEE International Conference on Robotics and Automation, 197‑204. https://doi.org/10.1109/ICRA.2013.6630576
- Crédit photo : eunice tan
