Manque de sens au travail : 43% des salariés envisageraient de changer d’emploi dans les deux ans

Un sondage qui marque la Semaine de la Qualité de Vie Travail (SQVT) de l’ANACT-ARACT

Dans le cadre de la « Semaine de la Qualité de Vie Travail (SQVT) » qui se tient du 20 au 24 juin2022, l’Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail (ANACT) a publié le 16 juin les résultats d’un sondage réalisé par Opinion Way intitulé « Les actifs et le sens au travail ».

Le sondage a été réalisé du 13 au 20 mai 2022, auprès d’un échantillon de 1034 actifs (en poste ou en recherche d’emploi) interrogés par questionnaire auto-administré en ligne. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de situation professionnelle et de région de résidence.

Le sentiment d’exercer un « travail qui a du sens » domine, mais il cache des disparités

Le sondage met en évidence que le sentiment d’avoir un « travail qui a du sens » reste dominant chez les actifs interrogés (84%).

  • Les moins de 35 ans sont davantage convaincus du sens de leur métier/travail, de même que les CSP+, ou encore les managers.
  • Le sentiment du sens au travail est un peu plus prégnant chez les actifs du secteur public par rapport aux salariés du privé.

A contrario, 15% des actifs interrogés évoquent spontanément le sentiment d’avoir un « travail qui n’a pas de sens ». Ils décrivent surtout un sentiment d’inutilité, un manque de reconnaissance, ou encore un travail pénible (travail répétitif, mauvaises conditions de travail, charge de travail trop élevée …).

  • Les chômeurs ont davantage le sentiment d’avoir exercé des métiers dénués de sens.

L’analyse des résultats pointe des écarts significatifs entre les perceptions « théoriques » d’un travail qui a du sens et la réalité vécue par les actifs. Il montre aussi qu’une part non négligeable (43%) des sondés en poste envisage de quitter leur emploi actuel pour un travail ayant plus de sens.

Comment définir un travail qui a du sens ?

Le sondage met en exergue les trois dimensions complémentaire du « travail qui a du sens » déjà mises en évidence par le rapport (DARES, 2021) :

  • « L’utilité du travail » : 83% pour les sondés ;
  • « La cohérence éthique » : 87% ;
  • « La capacité du travail à contribuer au développement des personnes » : 88%.

Le sentiment d’utilité est au cœur du sens au travail

84% des actifs interrogés estiment avoir un « travail qui a du sens ». Ils évoquent spontanément avoir un travail utile pour la société ou qui rend un service à la population (68%), contre 23% pour qui le travail apporte des bénéfices personnels (développement personnel ou professionnel).

  • Cette utilité est dirigée en premier vers des bénéficiaires externes (société, population, clients), puis internes (l’entreprise/l’organisation et les collègues).
  • La reconnaissance conférée par le travail (87%) prévaut sur les aspects liés à la rémunération et la possibilité « de gagner correctement sa vie » (82%) ou « gagner beaucoup d’argent » (55%).
  • Les moins de 35 ans interrogés accordent une importance plus grande aux aspects liés à la rémunération, les sondés travaillant dans le secteur public y sont moins sensibles que les salariés du privé.

La cohérence des valeurs professionnelles et personnelles joue un rôle majeur

En matière de cohérence éthique au travail, la perception d’un travail qui a du sens repose d’une part sur :

  • La possibilité de faire un travail de qualité (93%), en accord avec ses propres valeurs (92%),
  • Mais aussi dans de disposer de bonnes conditions (temps, objectifs adaptés…) (88%), ce qui intègre l’équilibre des temps de vie professionnelle / personnelle (88%),
  • Tout en partageant les valeurs de son entreprise / son organisation (87%) et les pratiques de managériales (85%).
  • La perception de cohérence éthique est plus importante chez les moins de 35 ans, les CSP+ et les managers.

La capacité du travail à contribuer au développement personnel est la troisième dimension clé du sens au travail

Elle se traduit par :

  • Les possibilités de se développer et se réaliser dans son travail :
    • La possibilité de s’épanouir professionnellement (92%) ;
    • Apprendre au travail, se perfectionner dans son métier (90%) ;
    • Progresser dans sa carrière (86%).
  • L’importance des aspects relationnels et la place de l’individu dans le collectif de travail :
    • Esprit d’équipe positif, constructif (89%) ;
    • De s’exprimer, de faire valoir son avis, de faire des propositions (88%) ;
  • La maîtrise et les marges de manœuvres pour organiser son travail :
    • Autonomie dans le travail (87%) ;
    • Souplesse dans l’organisation du travail telle que le télétravail, l’aménagement des horaires… (79%).

Des écarts significatifs entre les perceptions « théoriques » d’un travail qui a du sens, et la réalité vécue par les actifs

Les possibilités offertes par le travail actuel marquent les limites des aspirations en matière de sens au travail

Le sentiment d’utilité dans le travail exercé qui domine parmi les sondés ne doit pas masquer le fait qu’un certain nombre d’actifs expriment un écart entre ce qu’ils attendraient d’un travail « qui a du sens » et leur travail actuel.

  • Ainsi, ils déplorent une rémunération insuffisante (34%) et un manque de reconnaissance (32%) ou le manque de souplesse dans l’organisation du travail (32%)
  • Ils souhaiteraient pouvoir davantage s’épanouir et progresser dans leur carrière (31%) mais aussi s’exprimer et faire des propositions sur leur travail (23%).
  • Ils aspireraient à des pratiques managériales plus en accord avec leurs valeurs (32%), un travail réalisé dans de meilleures conditions (24%) mais aussi un impact positif de leur travail en matière d’écologie (36%).
  • Globalement, le sentiment de reconnaissance moindre et la perception d’une rémunération insuffisante concerne principalement les salariés seniors, les CSP-, les chômeurs, les non-managers et les femmes.

La crise liée à la pandémie Covid-19 semble avoir eu un impact relatif

Le sondage révèle que le questionnement sur le sens au travail est pour 21% des sondés « plus important qu’avant la crise sanitaire » depuis la crise sanitaire :

  • Il est plus plus important chez les jeunes (31%), les managers (26%) et les actifs du secteur public (24%).
  • Mais globalement pour 61% il reste inchangé : tout particulièrement pour les actifs du public (60%), pour les managers (54%) et parmi les moins de 35 ans (47%).

Changer d’emploi : il y a loin entre l’envie et le passage à l’acte

60% des personnes interrogées ont déclaré avoir quitté ou pensé à quitter un travail par manque de sens

  • Sur ces chiffres 28% ont déjà quitté un travail pour ces raisons contre 32% qui n’ont fait qu’y penser.
  • Les femmes sont plus nombreuses à avoir déjà quitté un travail par manque de sens, ainsi que les personnes actuellement au chômage.

43% des salariés interrogés envisageraient de changer d’emploi pour un travail qui aurait plus de sens dans les deux ans.

  • Les jeunes, les femmes et les managers sont les profils les plus enclins à envisager de démissionner pour un travail ayant plus de sens.
  • Les moins de 35 ans, les CSP+ et les managers sont plus nombreux à y avoir pensé sans pour autant être passé à l’acte.

Synthèse de chiffres clés – Infographie

ANACT infographie sondage SQVT 2022 Opinion Way - Sens au Travail

Infographie – Sondage Opinion Way pour l’ANACT – SQVT 2022 (ANACT, 2022a)

Ressources

  • ANACT. (2022a). Infographie – En quête de sens SQVT 2022 – Sondage Opinion Way pour l’ANAC. https://bit.ly/3OInqXm
  • ANACT. (2022b). Sondage : 4 actifs sur 10 envisagent de changer d’emploi pour un travail qui aurait plus de sens [Communiqué de Presse]. Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT). https://bit.ly/3NlOxqh
  • Coutrot, T., & Perez, C. (2021). Quand le travail perd son sens L’influence du sens du travail sur la mobilité professionnelle, la prise de parole et l’absentéisme pour maladie (Documents d’études No 249). DARES. https://bit.ly/3niNxZ1
  • Opinion Way. (2022). Les actifs et le sens au travail [Sondage]. ANACT. https://bit.ly/3HTm4aj

L’action ergonomique a pour objectif le développement conjoint des Hommes et des Organisations par la mise en œuvre de conditions permettant aux travailleurs d’exercer pleinement leurs compétences.

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A propos de l'auteur

IPRP spécialisé en intervention ergonomique et en AMOA de projets, j'interviens auprès des organisations qui souhaitent concilier conditions de travail et objectifs de performance, transformer les enjeux environnementaux et sociétaux en leviers de développement et de différentiation.

Je suis convaincu que placer les collaborateurs au centre de l'organisation aura un impact transformationnel sur toute l'activité : gagner en productivité sans sacrifier la qualité de vie au travail, préserver le sens et encourager le travail bien fait développera la satisfaction des clients et la croissance des résultats.

Travaillons ensemble à libérer tout le potentiel de vos collaborateurs. Faisons de la démarche ergonomique votre outil de transformation du travail.

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